DEPORTATION
Christine Bard
« L’histoire des femmes au défi de la déportation »
Histoire@Politique. Politique, culture, société, N°5, mai-aout 2008 > lien
Marie-Josèphe Bonnet
"Plus forte que la mort.
Survivre grâce à l’amitié dans les camps de concentration".
Editions Ouest France 2015
L'historienne y présente des vécus de femmes déportées et leurs sororités, elle décrit au chapitre "Solidarités politique-Résistances" plusieurs portraits de lesbiennes françaises et allemandes déportées.
Mechtild Gilzmer
« Camps de femmes. Chroniques d'internées Rieucros et Brens 1939-1944"
Autrement collection Mémoires 2001
Rieucros fut le premier et seul camp en France à être réservé aux femmes. Cet ouvrage est un travail de recherche à partir de documents d'archives et de lettres et journaux intimes ainsi que d'entretiens avec certaines anciennes internées. Dans son journal Ursula Katzenstien (1916-1998) témoigne de la présence de lesbiennes allemandes à Rieucros. Il y a des représentations de couple lesbien dans le cahier d'esquisses de Sylta Busse (1906-1989). > lien
Isabelle Sentis
« Chocs culturels ou découvertes mutuelles ? Quelles rencontres avec les femmes, juives ou pas, qui ont aimé des femmes durant la Shoah ? »
A l'occasion de l'Université d'été de l'ARES (association pour la recherche de l'enseignent de la Shoah) en juillet 2017 à Marseille intitulée "La Shoah et la rencontre des cultures", Isabelle Sentis a présenté ses recherches et l'articulation avec celles d'autres historiennes et sociologues. > lien
Mémorial de la Shoah
« La persécution des homosexuel.le.s sous le nazisme : représentation, législation, mémoire ».
Le 3 novembre 2019 à Paris au Mémorial de la Shoah a eu lieu cette passionnante rencontre, une première en France à laquelle les membres de Queer Code ont eu le privilège d'assister.
Chantal Meyer-Plantureux a présenté ses recherches "Antisémitisme et homophobie. Clichés en scène et à l'écran XIXe et XXe siècles".
Arnaud Boulligny a fait un retour sur l'ouvrage collectif
"Les homosexuel.le.s en France : du bûcher au camps de la mort. Histoire et mémoire d'une répression". Et Insa Eschebach, directrice du Mémorial de Ravensbrück, a apporté son point de vue sur les conflits mémoriels concernant les commémorations des persécutions subies par les lesbiennes. > lien
Clémence Allezard
« Sortir les lesbiennes du placard : Les persécutions nazies »
La journaliste Clémence Allezard a réalisé une série de 4 émissions radiophoniques pour France Culture, dans le cadre de "LSD La Série documentaire". Elle a intitulé cette série " Sortir les lesbiennes du placard".
Lors du 4eme épisode, elle interviewé des chercheuses allemandes, des profesionnel.le.s des musées de mémoires.... et Isabelle Sentis la cofondatrice de notre site. Une émission passionnante : > lien
Elle a également publié dans Komitid l'article "Les lesbiennes sous le Troisième Reich : des vies passées sous silence" en mai 2020 : lien
Quelques portraits de femmes qui ont aimé des femmes déportées :
Marguerite Chabiron 1904-1967
Pharmacienne en Gironde, elle cacha des résistantes du réseau Ker (Christiane Moreau et les sœurs Abraham) et assura leurs fuites vers l'Espagne.
Dénoncée, elle fut arrêtée et internée à Rennes avant d'être déportée à Ravensbrück en septembre 1944, puis déportée à Sachsenhausen et libérée le 2 mai 1945 à Neustadt. Officier de la Légion d'Honneur. > lien
Queer Code a réalisé en avril 2018 une cartographie numérique dédiée à son parcours qui a été présentée à l'occasion des 75 ans de la Libération des camps de concentration : lien
Christiane Moreau 1906-2001
Pharmacienne à Nantes, elle fait partie du réseau Ker. Elle s'occupe du transport de matériel radio, de fournir des locaux aux agents et de les héberger. Elle a également des missions de renseignements, de codages et décodages de messages. Elle réussira à faire évader son chef de réseau en avril 1943. Elle s'enfuira avec deux amies résistantes de son réseau les sœurs Abraham. Elles seront aidées par Marguerite Chabiron. Puis trahies par leur passeuse en mars 1944. Elles seront déportées à Ravensbrück. De retour à Nantes , elle reprend ses activités et pharmacienne et vit avec une compagne professeure de sports. > lien
« Homophobie und Devianz » ("Homophobie et déviances")
Trois titres des nombreuses interventions de ce colloque :
Insa Eschebach "Homophobie, déviance et homosexualité féminie dans le camp de concentration de Ravensbruck"
Claudia Schoppmann "Entre la persécution pénale et le bannissement social : les femmes lesbiennes sous le "Troisième Reich"" et "Elsa Conrad, Margarete Rosenberg, Mary Punjer, Henny Schermann. Quatre portraits".
Ce colloque s’est tenu à Ravensbrück en 2012 suite aux débats liés à la mise en place à Berlin du monument dédié aux personnes LGBT persécutées et aux propos de certains niant les déportations des lesbiennes allemandes. En 2014 pour la journée du souvenir des victimes de la déportation, l'équipe de Queercode a présenté certains articles et animé un débat sur ces enjeux mémoriels avec le Collectif lesbien lyonnais.
Claudia Schopmann
"Nationalsozialistische Sexualpolitik und weibliche Homosexualität"
et
"Days of Masquerade: Life Stories of Lesbians During the Third Reich", publié en 1996 aux Columbia University Press
"Sexuality, Holocaust, Stigma: Taking Stock"
La conférence Holocaust, Sexuality, Stigma: Taking Stock a été organisée en 2017 par Dr Anna Hájková (University of Warwick) et Dr Birgit Bosold (Schwules Museum*). > lien
Anna Hájková
“Introduction: Sexuality, Holocaust, Stigma,” (2020)
D'autres références des travaux de cette chercheuse > lien
Mary Punjer 1904-1942
Originaire d'une famille juive d'Hambourg, elle est déportée comme asociale et lesbienne au camp de Ravensbruck en juillet 1940. Elle est ensuite envoyée à l'hôpital psychiatrique de Bernburg en mai 1942 où elle est assassinée. > lien
Quelques portraits de femmes qui ont aimé des femmes déportées :
Henny Schermann 1912-1942
Ainée des trois filles d'une famille juive, elle est vendeuse à Francfort où elle fréquente le milieu lesbien. Elle est déportée en mars 1940 à
Ravensbruck où son orientation sexuelle est connue. Elle est ensuite envoyée à l'hôpital psychiatrique de Bernburg en 1942 où elle est assassinée.
Une cartographie numérique lui a été dédiée par Queer Code à l'occasion des 75 ans de la Libération du camp de Ravensbück : lien
Ruth Peter Worth 1915-1997
Jonathan Ned Katz écrit l'article « Ruth Peter Worth » publié en octobre 2011 sur le site américain OutHistory.org
Cette jeune femme juive allemande fut internée au camp français de Gurs avec sa mère. Elle réussit à 25 ans à en sortir en juin 1940 et émigrer aux Etats-Unis via le Portugal avec sa mère.
Felice Rahel Schragenheim 1922 -1944
Cette jeune femme juive berlinoise était membre d'un réseau de résistance à Berlin. Elle aima Lilly Wust, allemande aryenne, mariée et mère de famille. Leur histoire d'amour a été racontée par la journaliste Erica Fischer " Aimée et Jaguar. Une histoire d’amour. Berlin 1943" qui fut publié en Allemagne en 1994.
Felice fut déportée à Theresienstadt, puis à Auschwitz Birkenau.
Elle décédera lors d'une marche de la mort.
Emilie Frescao 1914-2005
Cette jeune femme juive originaire de La Haye a tenté de fuir les Pays bas pour la Suisse, où son frère avait réussi à fuir. Elle est arrêtée en Belgique et internée au camp de regroupement SS de Malines. Souffrante elle échappe de peu à la déportation. Soignée par deux sœurs catholiques sui s'occupent de l'hôpital de Wavre notre Dame, Emilie se convertie. Les Sœurs organiseront son enlèvement afin qu'elle ne soit pas déportée.
Ward Adrians a écrit "Emilie Frescao, une jeune fille originaire de la Haye à Malines" (Belgique), Kazene Dossin, Mémorial Musée et centre de documentation sur l'Holocaust et les droits de l'homme 2012 > lien
Anne-Marie Boumier et Anne Noury
Marie-Joseph Bonnet indique dans son ouvrage "Plus forte que la mort.
Survivre grâce à l’amitié dans les camps de concentration" que la résistante Gisèle Guillemot a témoigné auprès d’elle de l’entraide des déportées politiques françaises portée à un couple de résistantes françaises
(Anne-Marie Boumier et Anne Noury du réseau Hector) pour qu’elles ne soient pas séparées dans le camp de Ravensbrück .
Ruth Maier 1920-1942
"Le journal de Ruth Maier. De 1933 à 1942, une jeune fille face à la terreur nazie". Commenté par Jan Erik Vold K&B éditeurs 2009.
Ruth Maier, jeune fille juive autrichienne née en 1920 à Vienne, est contrainte de fuir en 1939 en Norvège où elle se lie d'amitié et d'amour avec la poétesse norvégienne Gunvor Hofmo. Elle est arrêtée à Oslo et déportée à Auschwitz où elle est tuée dès son arrivée.> lien
Une cartographie numérique présentant son parcours a été réalisée par Queer Code à l'occasion de la Journée du souvenir des victimes, héros et héroïnes de la déportation en avril 2018 : lien
Ses cahiers sont conservés et numérisés au Centre norvégien de Holocauste > lien
Ovida Delect 1926-1996
Lycéenne, elle fonde et anime un groupe de jeunes résistants à Caen.
Avec beaucoup de culot, elle feint d'adhérer aux Jeunesses nationales populaires en se présentant comme un partisan de la collaboration. Elle en profite pour dérober d'importants dossiers et semer une totale perturbation dans les rangs de cette organisation en propageant une série de fausses nouvelles. Ce coup d'éclat lui vaut d'être arrêtée par la Gestapo, le 23 février 1944 avec plusieurs de ses camarades. Elle est longuement torturée, plus de dix jours au 44 rue des Jacobins avant d'être déportée en Allemagne. Elle ne dénoncera pas sous la torture ses camarades.
Elle rentre à 19 ans du camp de concentration de Neuengamme où elle a été déportée en tant que Jean Pierre Voidies, identité qui lui a été assignée socialement à sa naissance.
A partir des recherches d'Isabelle Sentis et des travaux de Christine Bard, l'équipe de Queer Code a crée ce wiki dédié à Ovida Delect : > lien
A l'occasion de la Journée du souvenir des victimes, héros et héroïnes de la déportation d'avril 2019, Queer Code a réalisé une cartographie numérique dédiée à son parcours : lien
Sylvia Beach 1887-1962
Sylvia Beach arrive à Paris en 1916 des Etats-Unis et devient la compagne de la libraire Adrienne Monnier. En 1919, elle ouvre sa propre librairie « Shakespeare and co ». Sa librairie accueille alors les intellectuels américains et anglo-saxons de Paris. En 1941, elle refuse de vendre à un officier allemand le dernier exemplaire du roman de James Joyce :"Finnegans Wake". Il la menace de confisquer tous ses livres. Elle les déménage et les cache. Sa librairie ne réouvrira jamais. > lien
En 1942 elle est internée en tant que citoyenne américaine avec d'autres compatriotes à Vittel. Elle est libérée en mars 1943 sur l'intervention de Jacques Benoist-Méchin, membre du gouvernement de Vichy et ultra-collaborateur, qui avait été présenté à Beach et Monnier lorsqu'il jouait dans l'orchestre de George Antheil, qui habitait au-dessus de la librairie.
Suzanne Leclezio (1898-1987) et Yvonne Ziegler (1902-1988)
Au début des années 30, Suzanne et Yvonne se rencontrent à Paris. Suzanne vient d'obtenir son diplôme d'infirmière et Yvonne, qui est artiste peintre, enseigne le dessin dans une académie qu’elle dirige. Elles emménagent ensemble rue Boissonade dans le 14° arrondissement de Paris. En 1940, au moment de l’exode, Suzanne et Yvonne (appelée par Suzanne comme bénévole), accueillent au dispensaire rue Marcadet dans le 18e, de nombreuses familles de réfugiés, prodiguant à chacun.e secours et réconfort. Elles s'engagent en 1943 dans la Résistance. Elles sont arrêtées en torturées en juillet 1944. Elles sont déportées en août 1944 au camp de Ravensbrück. Elles reviendront de déportation et vivront ensemble jusqu'au décès de Suzanne.
L’histoire de Suzanne L. et d’Yvonne Z. nous est parvenue grâce à Laurent Thévenet, chercheur en histoire sociale.
Cartographie numérique "Constellations brisées, Ravensbrück" > lien
Jarmila Repaskova 1911-1983 et Ludmila Neumannova
Ce couple lesbien animait à Prague un réseau de résistance dont tous les membres étaient liés par leur appartenance à la subculture homosexuelle de Bohême-Moravie. Elles auraient été déportées comme prisonnières politiques pour avoir recueilli en 1943 un évadé politique , lui aussi homosexuel. Nous menons des recherches complémentaires pour mieux connaître ce réseau. Les travaux de Jan Seidl sont précieux pour connaître l'histoire des homosexuel.le.s de Tchéquie durant la guerre, à lire son article "Imbroglio juridique dans le protectorat de Bohême-Moravie" in Homosexuel.le.s eu Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Mary Vaders
Cette résistante néerlandaise a été arrêtée en juin 1944 et amenée au camp de concentration de Hertogenbosch (Kamp Vught).
Elle fut détenue à Ravensbrück à partir de septembre 1944 puis transportée en octobre 1944 à Dachau. Elle fut libérée par les Américains le 30 avril 1945 près de Wolfratshausen au cours d’une marche de la mort.
Durant sa captivité, elle écrivit un certain nombre de poèmes qu’elle publia dans son récit "Croix, triangle et numéros".
Voici la traduction de neuf de ces poèmes > lien
Aussi connue comme Eve Addams, elle est née en Pologne et émigre aux Etats-Unis dans les années vingt. Elle ouvre en 1925 un salon de thé dans Greenwich Village à NY. Après une descente de police en juin 1926, elle est reconnue coupable d'obscénité pour un livre qu'elle a écrit "Lesbian Love" et pour "mauvaise conduite" en tant que lesbienne notoire. Elle est "déportée" par les autorités américaines, c'est à dire expulsée en décembre 1926. Nous menons des recherches avec Suzette Robichon pour mieux connaitre ses activités à son retour en Europe. En France, elle est arrêtée en 1943 et déportée à Auschwitz où elle est assassinée le 17 décembre.
article wikipédia.> lien
article NY CLGBT Historic Site Projet > lien
Nadine Hwang (Madrid 1902-1972)
Nadine Hwang, (connue aussi sous le nom de Nadine Huong) est née d’une mère espagnole/belge et d’un père diplomate chinois. Elle est élevée à Madrid puis à Pékin dans des milieux politiques et littéraires. Juriste et polyglotte elle maitrise cinq langues, pilote des avions et devient célèbre par son engagement dans l’armée chinoise et sa nomination dans les années 1920 au rang de colonelle. De retour en Europe en 1933 elle fréquente à Paris le salon de Natalie Clifford Barney dont elle devient l’amante. Arrêtée en 1944 elle est déportée à Ravensbrück par le convoi arrivant le 18 mai 1944. Numéro matricule : 39239. Elle fait partie des équipes de travail forcé envoyées à l’usine Siemens. Libérée par la Croix Rouge suédoise, Nadine Hwang arrive à Malmö en Suède le 28 avril 1945 (voir photo). Elle a ensuite vécu plus tard avec sa compagne Nelly Mousset- Vos à Caracas (Venezuela) et elles s'installent en 1969 à Bruxelles où elle décède en 1972.
Témoignages de juives rescapées de la Shoah :
Depuis 2015, La USC Shoah Foundation basée à Los Angeles met en avant à l’occasion du mois des marches des fiertés des témoignages de gays et lesbiennes déportés. Les interviews vidéos sont menées par les membres de la fondation.
Site internet et page dédiée > lien
Trois rescapées de la Shoah évoquent leurs souvenirs concernant la présence de lesbiennes dans les camps de concentration :
- France Gelbart, jeune fille juive polonaise interviewée par Stella Eliezrie n°12003 en 1996,
- Theresa Gericke originaire d’Hongrie, interviewée par Lesley Nathan n°32466 en 1997,
- Lucia Amato, juive italienne déportée à Auschwitz interviewée par Rebecca Zimande n° 14687 en 1996.
Et d'autres...
Dorothea Neff 1903-1986 et Lilli Wolff 1896-1983
Dorothea Neff est une grande actrice autrichienne, née à Munich. Elle fait ses débuts scéniques à Ratisbonne et Aix la Chapelle puis à Vienne.
Elle rencontre à Cologne Lilli Wolff, costumière, avec qui elle entretient une relation amoureuse.
En 1940, Lilli Wolff demande de l'aide à Dorothea Neff, celle-ci l'aide financièrement puis la cache chez elle en octobre 1941 lorsque Lilli reçoit son ordre de déportation. Pendant trois ans, Dorothea cachera Lilli. elle témoignera qu'en 1978 de son acte de sauvetage et recevra en 1979 le titre de Juste parmi les Nations.
Dorothea Neff : article wikipédia
Lilli Wolff : archives
Des recherches menées par l'équipe de Queer Code sont en cours sur les parcours de vie des antifacistes allemandes et espagnoles arrêtées et enfermées dans les camps d'internement français.
Nous faisons également des recherches sur les parcours de résistance et de déportation de néerlandaises.
Et il existe d'autres portraits de lesbiennes allemandes persécutées et déportées réalisés par des chercheuses allemandes.
Des projets de traductions de ces précieuses recherches sont en cours.